Didier Huc - Stratégie
De la complexité à la clarté décisionnelle
Brève de comptoir 12 août 2025 Temps de lecture : 3 min

L'art de mal communiquer

Hier, je scrollais Instagram quand je tombe sur le compte de Martine, céramiste dans le Lot.
Dernière publication : il y a 3 semaines. Une photo floue, une légende bancale : "Bon bah voilà quoi, ça avance les bols..."
47 commentaires bienveillants, à la limite de l'enthousiasme excessif.

Post suivant, une marque de cosmétiques...
Shooting pro, story-telling ultra léché, hashtags optimisés à mort.
Publié il y a 2 heures. 3 commentaires génériques dans le genre "ha! trop bien" (@Mimilalandaise).

Bienvenue dans l'ère de la maladresse magnétique.

Pendant que les marques investissent des fortunes pour paraître authentiques, Martine galère sincèrement à expliquer son travail. Et cette galère devient son plus gros atout.

Ces "ratés" créent quelque chose d'inestimable : la rareté émotionnelle.
Dans un monde de sur-communication, l'irrégularité devient événementielle.
Leurs abonnés n'attendent pas le prochain post, ils l'espèrent.

L'imperfection communicante signale l'authenticité artisanale. Quand Martine écrit "Désolée les photos sont nazes, mais regardez comme il brille ce vernis !" sous sa poterie mal cadrée, cette excuse maladroite fait plus pour sa crédibilité que tous les posts Instagram parfaits du monde.

Alors non ! Je ne dis pas qu'il faut mal communiquer par stratégie. Mais dans un monde qui nous bombarde de messages parfaits, la maladresse assumée ne deviendrait-elle pas (pour certains) la nouvelle arme de communication ?

Martine, si tu me lis : garde tes photos floues. Elles valent de l'or.